Merci à Gabriel Barathieu pour ce premier reportage en immersion au cœur de la Papouasie occidentale, magnifique province de l’Indonésie, qui ne laisse personne indifférent. Il est fort probable que ce soit l’un des plus beaux chefs-d’œuvre que notre planète Terre puisse offrir ! Raja Ampat est caractérisée par d’innombrables îles et d’îlots parsemés dans un océan débordant de vie et de couleur. La succession des rencontres et des émerveillements émanant de cet éden ont inspiré la formule suivante qui est la plus juste et la plus concise pour décrire ce lieu : « Raja Ampat, un arc-en-ciel de biodiversité ». Le second reportage paraîtra le 23 février.


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    Raja Ampat, terme signifiant « les Quatre Rois » en indonésien est un archipel composé de quatre principales îles : Waigeo, Batanta, Salawati, Misool et quelque six-cents îlots au décor paradisiaque, situé en Papouasie occidentale, à l'est de Sorong. Raja Ampat, ce sont plusieurs décors singuliers qui se côtoient, parfois à quelques coups de palmes les uns des autres, parfois séparés de plusieurs milles nautiques. Chaque lieu exploré semble être un éden haut en couleurcouleur où l'Homme n'a pas encore eu le temps de poser son empreinte. Espérons qu'il ne le fera jamais ! 

    C'est à bord du Tidak Apa'Pa, charmant petit bateau traditionnel indonésien cent pour cent en bois que sera mon refuge pour les dix jours du périple. Avec sa forme caractéristique en banane, ses deux mâts et ses sept voiles, ce «  Pinisi  » de vingt mètres de long et cinq mètres de large accueille huit personnes au maximum. Ainsi, le Tidak Apa'Pa offre un séjour intimiste en comité restreint. Rien de comparable avec les autres liveaboards de vingt à trente touristes. 

    Raja Ampat, un arc-en-ciel de biodiversité ! © <a href="https://www.underwater-landscape.com/a-propos" target="_blank">Gabriel Barathieu,</a> tous droits réservés
    Raja Ampat, un arc-en-ciel de biodiversité ! © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Les propriétaires du Tidak Apa'Pa, Ariane et Ludovic sont des amoureux du milieu marin. Ils vous guideront avec enthousiasme et passion tout au long de la croisière. Quoi de mieux que la plongée en recycleur pour profiter au maximum des décors sous-marins et de la faune de Raja Ampat ! Petit détail : chaque plongée est illimitée en temps ! Seule votre consommation vous limitera contrairement aux autres bateaux où les plongées ne dépassent pas soixante minutes, voire quarante-cinq minutes pour certains. Avec quatre plongées par jour, ce n'est pas moins de six heures d'immersion en recycleur que nous effectuions quotidiennement avec Ludovic. De quoi profiter un maximum de cette destination plongée hors normes !

    Concernant les amoureux de la photographiephotographie, Ludovic qui est un grand passionné de photo sous-marine est sans conteste le guide rêvé ! Fort de ses années d'expérience et de sa passion pour la biodiversitébiodiversité sous-marine, il trouve avec aisance les plus rares mais aussi les plus emblématiques sujets de Raja Ampat. Nul besoin de livre pour l'identification de vos sujets photographiés, Ludovic connaît tous les noms scientifiques de mémoire ! J'ai essayé de le coller à plusieurs reprises mais je n'y suis jamais parvenu.

    Dix jours, c'est le strict minimum requis pour juste entrevoir les richesses sous-marines de Raja Ampat. Au départ de Sorong, la croisière commence par une nuit de navigation pour rejoindre Misool, l'une des quatre principales îles de Raja Ampat. L'arrivée sur les sites de plongée se fit à l'aubeaube, au moment où les premières lueurs du soleilsoleil extirpent les nombreux îlots de la nuit. Depuis le pont du bateau, le cadre est déjà absolument magnifique. Les îlots aux multiples formes façonnés par les éléments au gré du temps mettent votre imagination en effervescence. 

    Misool, patate de corail colonisée par une grande diversité de gorgones de différentes couleurs. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Misool, patate de corail colonisée par une grande diversité de gorgones de différentes couleurs. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Les premières immersions dans les eaux colorées et luxuriantes de Misool vous transportent instantanément dans un universunivers où l'abondance de vie et la biodiversité sont en parfait accord. Les particularités les plus singulières de Raja Ampat qui caractérisent par la même occasion cette destination sont l'extrême richesse et l'extraordinaire diversité affleurant à la surface de l'eau. Recouverte et protégée par un mince manteaumanteau translucidetranslucide, c'est seulement à quelques centimètres sous la surface que s'amorce une exceptionnelle explosion de couleurs et de vie. Pour les photographes sous-marins équipés en reflex, la décision de configurer le matériel en macrophotographie ou en grand-angle est cornélienne ! Chaque plongée offre la possibilité de réaliser des clichés d'exception quelle que soit la configuration choisie. Toutefois certains spots se prêtent plus que d'autres à la photo macro ou d'ambiance. C'est le cas par exemple des sites de plongée Magic Mountain et Four Kings qui offrent des reefscapes (points de vue sous-marins) absolument époustouflants !

    « Magic Mountain », un éden haut en couleur et diversité 

    Magic Mountain fut l'un des premiers sites de plongée du périple. Les yeux et l'esprit étaient déjà émerveillés par la richesse et la beauté des précédentes immersions où furent aperçus entre autres quelques hippocampeshippocampes pygmées et crevettes colorées aux formes diverses.

    Hippocampe pygmée (<em>Hippocampus denise</em>) photographié en pose longue avec synchronisation des flashs au second rideau. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Hippocampe pygmée (Hippocampus denise) photographié en pose longue avec synchronisation des flashs au second rideau. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Là, des nuagesnuages de poissonspoissons composés de milliers d'individus ainsi que de splendides décors subaquatiques flirtaient et jouaient avec le reflet de la surface. À ce moment-là, je ne m'attendais pas une seconde à assister au spectacle qui allait s'offrir à nous. À peine deux minutes d'immersion et nous apercevions déjà une raie manta de récif planer entre deux eaux. En prêtant un peu plus attention, nous pouvions vaguement distinguer d'autres formes sombres en limite de visibilité. Ce n'était pas une, mais bien huit raies manta (Mobula alfredi) qui nageaient autour de nous. 

    Une raie manta de récif (<em>Mobula alfredi</em>) prête à mettre bas. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 
    Une raie manta de récif (Mobula alfredi) prête à mettre bas. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 

    Le spectacle était absolument féerique ! La magie de cet instant était aussi due au décor dans lequel évoluaient ces géantes des mers : un récif débordant de vie et de couleur où anthias, bancs de carnages et de platax se frayaient un chemin dans le ballet incessant des mantas. La présence des mérous patate et des napoléons n'était pas anecdotique pour autant. Cependant, une raie manta était différente de ses congénères de par son ventre bien rebondi et ses nageoires céphaliquescéphaliques irritées jusqu'au sang. Pas de doute, cette raie allait bientôt mettre bas ! Cette future mère était suivie par de nombreux mâles.

    Un magnifique Napoléon <em>(Cheilinus undulatus</em>) suivi d'une carangue bleue <em>(Caranx melampygus</em>) qui ne s'éloigne jamais trop loin de ce spécimen. Il est rare de pouvoir photographier des poissons Napoléon d'aussi près sans les attirer par du feeding (à ne pas pratiquer). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 
    Un magnifique Napoléon (Cheilinus undulatus) suivi d'une carangue bleue (Caranx melampygus) qui ne s'éloigne jamais trop loin de ce spécimen. Il est rare de pouvoir photographier des poissons Napoléon d'aussi près sans les attirer par du feeding (à ne pas pratiquer). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 

    Suite à cette incroyable plongée avec les raies manta de récif, il était inconcevable de ne plonger qu'une seule fois sur un spot aussi fantastique que Magic Mountain ! Alors nous ne nous sommes pas fait prier pour y retourner le lendemain sensiblement à la même heure en fin d'après-midi vers seize heures. Les raies manta allaient-elles nous offrir un nouveau ballet ? Rien n'était moins sûr ! Après quelques minutes à évoluer au milieu des platax et autres poissons tropicaux, le ciel se couvrit soudainement et la luminositéluminosité chuta brutalement ! Un nuage cachait-il le soleil ? Non !

    Raie manta océanique (<em>Manta birostris</em>) photographiée sur un magnifique récif corallien débordant de vie. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Raie manta océanique (Manta birostris) photographiée sur un magnifique récif corallien débordant de vie. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Sortie de nulle part, une raie manta océanique (Manta birostrisManta birostris)) glissant entre deux eaux venait obstruer le soleil. Elle était d'une taille gigantesque, bien plus grande que les raies manta de récif de la veille qui faisaient déjà quatre mètres cinquante d'envergure.

    Raie manta océanique en contre-jour (<em>Manta birostris</em>). © <a href="https://www.underwater-landscape.com/a-propos" target="_blank">Gabriel Barathieu</a>, tous droits réservés
    Raie manta océanique en contre-jour (Manta birostris). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Celle-ci devait dépasser les six mètres. Nous étions ébahis par sa nage majestueuse et sa taille hors norme. Notre présence ne semblait clairement pas l'inquiéter ou la déranger lors de ses nombreux passages. Nous restions immobiles au plus près du récif, avec nos recycleurs sans bulles nous devenions alors presque invisibles. C'est la magie que procure la plongée en recycleur qui permet d'observer et de contempler ce monde sous-marin tel qu'il agit et interagit sans la présence de l'Homme. C'est ainsi que j'ai pu réaliser quelques photographies de cette majestueuse manta au plus près du récif et de ses habitants à nageoires. Incontestablement, les plongées sur Magic Mountain ont leur place dans le top dix des plus belles plongées de ma vie !

    « Four Kings » est assurément un des spots les plus hallucinants de Misool Island

    Corail mou, Spot de Four Kings, Misool. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Corail mou, Spot de Four Kings, Misool. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Affectionnant particulièrement moi-même la photo d'ambiance sous-marine, je peux dire que le spot de Four Kings satisfera les plus exigeants des plongeurs photographes. Le spot est composé de quatre formations rocheuses (d'où son nom Four Kings) dont les bases sont à environ cinquante mètres de profondeur et dont les sommets culminent entre trente et cinq mètres sous la surface. Une fois la bascule arrière effectuée, le chapelet de bulles laisse peu à peu place à des nuages d'alevinsalevins composés de milliers d'individus nageant et virevoltant autour des tombants et des patates de corailcorail. Des carangues bleues en embuscade pénètrent telles des torpillestorpilles dans les bancs de « glassfish ». Les mouvementsmouvements synchronisés et harmonieux des alevins face aux incessantes attaques des carnassiers créent l'un des plus magnifiques ballets aquatiques qu'il soit. Vers les cinquante mètres de profondeur, les bancs de bécunes et de barracudas de plusieurs centaines d'individus viennent à la rencontre des plongeurs. 

    Formation d'éponge rouge. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 
    Formation d'éponge rouge. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 

    En remontant tranquillement le long des « Quatre Rois », les anfractuosités du récif se parent de mille couleurs au passage de nos lampes. Rouge, jaune, magenta, vert, turquoise, orange et j'en passe, l'ensemble du spectrespectre des couleurs de l'arc-en-ciel est peint sur ce récif par le plus grand des artistes : la Nature. Cette explosion de couleurs est due à l'impressionnante abondance corallienne, à la diversité des gorgones, des alcyonaires et autres coraux mous qui colonisent la moindre surface rocheuse.

    Banc de poissons « <em>glassfish</em> » sur le récif. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Banc de poissons « glassfish » sur le récif. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Un vrai régal pour les yeux, mais aussi pour les capteurscapteurs des appareils photos. L'abondance de vie et de couleurs est telle que l'on ne sait plus où et quoi regarder ou photographier, à tel point que nous y sommes retournés le lendemain. À la fin de chaque plongée sur Four Kings, un sourire caractéristique apparaît sur le visage de ses visiteurs dès leur sortie de l'eau ! Le perpétuel spectacle sous-marin offert par ce « temple » de la plongée restera à jamais gravé dans la mémoire des plongeurs.

    Les petits habitants de « Misool »

    Hippocampe pygmée rose de Bargibant (<em>Hippocampus bargibant</em>). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 
    Hippocampe pygmée rose de Bargibant (Hippocampus bargibant). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 

    Entre ces fabuleuses plongées aux ambiances sous-marines exceptionnelles, les emblématiques spots d'Andiamo, Candi StoreStore, Yelit, Tank Rock, Whale rock Dunia Kecil, quant à eux, sont d'extraordinaires terrains de chasse pour les amateurs de macrophotographie. La recherche des hippocampes pygmées parfaitement camouflés dans leur gorgone est un véritable défi. Leur mimétismemimétisme est si parfait qu'il faut un œilœil averti pour réussir à les distinguer des ramifications gorgonaires. Raja Ampat et tout particulièrement la région de Misool possède trois espècesespèces d'hippocampes pygmées : hippocampes de Bargibant (HippocampusHippocampus Bargibanti), hippocampes Denise (Hippocampus Denise) et hippocampe pygmées de Noël qui est une espèce endémiqueendémique de l'île de Misool. 

    Galathée baba des crinoïdes (<em>Allogalathea babai</em>). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Galathée baba des crinoïdes (Allogalathea babai). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    L'impressionnant panache de crinoïdescrinoïdes aux multiples couleurs s'agrippant sur les gorgones et tous les substratssubstrats possibles présents sur les sites de plongée sont autant de refuges pour les crustacéscrustacés symbiotiques. C'est le cas de cette crevette commensale des crinoïdes (Laomenes sp), ce crabe élégant des crinoïdes (Allogalathea elegans), cette Galathée baba des crinoïdes (Allogalathea babai) et bien d'autres sujets qui ne demandent qu'à être photographiés.

    Une Bécasse à carreaux (<em>Oxycirrhites typus</em>) et son parasite. © <a href="https://www.underwater-landscape.com/a-propos" target="_blank">Gabriel Barathieu</a>, tous droits réservés
    Une Bécasse à carreaux (Oxycirrhites typus) et son parasite. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Même les alcyonnaires font office de refuge pour les crabes décorateurs et autres petits crustacés à la recherche de nourriture, comme ce crabe Orang-outang jaune (Oncinopus aranea) ou ci-dessous, ce petit crabe des coraux mous épineux (Lissoporcellana sp).

    Petit crabe des coraux mous épineux (<em>Lissoporcellana sp</em>). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Petit crabe des coraux mous épineux (Lissoporcellana sp). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    « Le mystérieux Blue Hole » ou doline une fascinante formation karstique

     La lagune de l’amour à Misool. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 
     La lagune de l’amour à Misool. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 

    À l'ouest de Misool, situé non loin de l'unique port de l'île, un mystérieux Blue Hole connu seulement des locaux demeure dissimulé à quelques mètres de profondeur. Comme son nom l'indique, cette formation se caractérise par un trou coloré d'un bleu sombre tirant plutôt vers le noir. L'entrée du Blue Hole, étant à une profondeur de douze mètres, le rend difficilement visible à quiconque se trouvant hors de l'eau. Les Blues Hole, ou dolinesdolines noyées sont des formations karstiques issues de l'érosion des formations géologiques carbonatées. Ce Blue Hole était auparavant à l'airair libre, certainement durant l'ère géologiqueère géologique du PléistocènePléistocène.

    Blue Hole de Misool (photo prise au fond du gouffre à 64 mètres de profondeur). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 
    Blue Hole de Misool (photo prise au fond du gouffre à 64 mètres de profondeur). © Gabriel Barathieu, tous droits réservés 

    L'action des éléments (pluie, ventvent, rivière, etc.) a créé ce trou au fil des millénaires. Pénétrer dans un Blue Hole est en quelque sorte un voyage dans le temps. Depuis son entrée à douze mètres jusqu'à quarante-cinq mètres de profondeur, la galerie est verticale. D'un diamètre d'environ dix mètres, l'ambiance y est extraordinaire. Ici, pas ou peu de faune à contempler, c'est l'aspect géologique et minéralminéral qui s'impose à nos sens et à notre imagination. À partir de quarante-cinq mètres de profondeur, la galerie devient oblique jusqu'au fond du tunnel immergé à soixante-quatre mètres de profondeur. Là, la lumièrelumière est quasiment absente, mais cela n'empêche pas quelques organismes vivants de prospérer tant bien que mal sur les parois de calcairecalcaire.

     « Lenmakana Lake » ou le lac des méduses

    Le Tidak Apa'Pa lève l'ancre et navigue en longeant l'île de Misool pour nous amener vers un autre site haut en couleur de Raja Ampat mais aussi l'un des plus singuliers de Misool, un site mythique dont je rêvais secrètement depuis de nombreuses années. Un endroit atypique comme il en existe très peu dans ce monde ! Cet endroit, c'est le « Lenmakana Lake » ou Lac des MédusesMéduses. Ce lac est comme emprisonné à l'intérieur d'un des nombreux îlots composant l'archipel de Misool. De l'extérieur, rien ne laisse deviner ce qui se passe derrière les imposants remparts abrupts. C'est certainement l'une des raisons qui explique la découverte tardive de ce lac au début des années 2010. 

    Portrait d'une des nombreuses méduses (<em>Mastigias papua</em>) du lac Lenmakana. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Portrait d'une des nombreuses méduses (Mastigias papua) du lac Lenmakana. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Ce réservoir est à la fois une prison et un éden pour ces méduses. Une prison car il les confine dans un endroit minuscule et restreint comparé à l'immensité de l'océan. Mais aussi un éden car il les protège des prédateurs et des autres organismes qui pourraient entrer en compétition avec elles. L'accès pour atteindre le lac est relativement court et plus ou moins facile, sauf quand on a appareil photo, caisson et flashflash sous-marins pesant près de quinze kilos. L'ascension à l'aide de cordes fut périlleuse pour le matériel. Mais le jeu en valait la chandelle. Arrivé en haut du rempart, le lac se laisse entrevoir au travers de la végétation. Je distingue déjà des centaines, non, des milliers de petites méduses à sa surface. Pas de doute, on est au bon endroit. Arrivé au bord de l'eau, c'est sans attendre que je m'immerge... sans palme ! Oui, afin d'éviter les potentiels dégâts causés à ces petites méduses, les palmes sont interdites dans le lac.

    La densité des méduses du lac varie suivant les zones d'ombre ou d'ensoleillement du lac. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    La densité des méduses du lac varie suivant les zones d'ombre ou d'ensoleillement du lac. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Les méduses, Mastigias papua de leur nom scientifique, se comptent par centaines où que vous regardiez. Mais il semblerait qu'elles se concentrent plus en surface là où le soleil est présent. Elles sont beaucoup moins denses dans les zones d'ombre. Peut-être ont-elles besoin de la chaleurchaleur du soleil ? Pendant presque une heure, j'ai complètement vidé la batterie de mes flashs à la recherche de la composition idéale. Quoi qu'il en soit, nager au milieu de ces magnifiques petites méduses, heureusement non urticantes, restera l'un des meilleurs souvenirs de ce voyage.

    « Misool » un paradis sur Terre

    Panorama d'un des nombreux îlots de Misool. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Panorama d'un des nombreux îlots de Misool. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Non loin du « Lenmakana Lake », nous profitons du paysage en naviguant dans les méandres formés par les îlots. Certains endroits semblent être des petits fragments de paradis sur TerreTerre. Des minuscules lagons protégés par des falaises verticales de cent mètres de haut sont dissimulés au tourisme de massemasse. Le sablesable blanc et les jardins de coraux affleurant la surface de l'eau entourent chaque îlot et reflètent la lumière. Le contrastecontraste saisissant avec le bleu profond des tombants accentue le relief de cette scène qui semble presque irréelle.

    Panorama réalisé en mi-air mi-eau dans un des plus beaux endroits de la région de Misool. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Panorama réalisé en mi-air mi-eau dans un des plus beaux endroits de la région de Misool. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Non loin de ce magnifique endroit où le corail côtoie la verdure des îlots, les flots agités autour d'une pointe rocheuse dissimulent jalousement l'entrée d'une grotte immergée se situant à quelques mètres sous la surface. Un banc de poissons hachette monte la garde devant l'entrée de cette grotte sous-marine.

    Vue du plafond de la grotte avec les impressionnantes stalactites. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés
    Vue du plafond de la grotte avec les impressionnantes stalactites. © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    À l'intérieur, cette cavité n'est pas totalement immergée. Une grande salle faisant plusieurs mètres de hauteur laisse entrevoir l'intérieur de l'îlot. Des stalactitesstalactites en forme de colonnes tombent de la voûte. Leurs extrémités se prolongent sous l'eau telle une cathédrale bâtie par l'érosion et le temps.

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    L'association « Deep Blue Exploration »

    Découvrir l'association « Deep Blue Exploration » qui œuvre pour la découverte et l'étude des peuplements coralliens mésophotiques (entre 50 et 150 mètres) de Mayotte au travers d'actions de science participative. La synergiesynergie créée par le noyau dur de l'association (créée en 2019), mêlant des plongeurs photographes naturalistes, des scientifiques et des artistes et auteurs de vulgarisation scientifique tire le meilleur parti de chaque membre dans un but unique : Explorer - Étudier - Sensibiliser et Contribuer à la préservation des écosystèmesécosystèmes récifaux.

     

    Plongée extrême : entre les îles de Mayotte et de la Réunion

    Un si gracieux poulpeL’incessant ballet de la raie mantaEn tête à tête avec un calmarLa très élégante crevette arlequinLa minuscule crevette de ZanzibarLe crabe porcelaine, merveille de la natureLa crevette impériale sur son concombre de merLa pieuvre, grande virtuose de la transformationUn crabe au large de l'île de MayotteUn calamar ondulant
    Un si gracieux poulpe

    « Un poulpe photographié dans le lagon de Mayotte lors d'une grande marrée basse. Cette photo a été prise dans seulement 30 cm d'eau. Elle fut primée en 2017 comme photo sous-marine de l'année. » © Gabriel Barathieu, tous droits réservés

    Sélectionnée parmi 4.500 photos issues de 67 pays, cette image a été prise avec un 14 mn, un très grand angle qui accentue, ici, délicatement les proportions. La prise, en lumièrelumière naturelle, à 100 iso, a permis de révéler un doux contrastecontraste et des couleurscouleurs sublimes. L'objectif a ainsi pu capter ainsi tous les détails de la texturetexture délicate, la transparencetransparence de l'eau et la fine granulosité du sable.

    Cette pieuvre commune (Octopus vulgaris)), un céphalopodecéphalopode, est le plus évolué des mollusques, qui apparait à l'ère du CambrienCambrien. L'évolution a donné naissance à la seiche et le calmarcalmar, le nautile étant un lointain cousin qui a conservé sa coquille. Jusqu'à présent, la pieuvre était considérée comme solitaire mais récemment, des chercheurs ont découvert au large de l’Australie, deux « cités » de pieuvres suggérant une organisation sociale communautaire.