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Bernard Lang

Bernard Lang

Chercheur Informatique Automatisme

Le chercheur ne peut se contenter de faire de la science. Il doit, plus que tout autre, être conscient des effets qu'elle peut avoir sur la culture, sur la société et sur la planète. Et il doit de son mieux partager ce savoir, car il revient à tous d'apprendre, de comprendre et de décider. La technique n'est jamais innocente, et les choix techniques de la société sont toujours des choix politiques, aujourd'hui plus que jamais. Mais la pire des perversions est d'opposer à la créativité des hommes l'appropriation marchande du savoir. En remerciant Futura-Sciences de cette occasion de résumer ce que je n'ai compris que bien tard dans ma carrière de chercheur. Mais sans doute est-ce un cheminement normal.

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Biographie

Je suis actuellement directeur de recherche à l'INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique). J'y ai fait toute ma carrière de chercheur, après une formation d'ingénieur (Télécom)) complété à l'Université de Harvard, à une époque (1969-1972) où l'informatique était encore peu développée en France. J'ai travaillé dans divers domaines de l'informatique classique : conception et implementation des langages de programmation et des environnements de programmation, génie logicielgénie logiciel, techniques de gestion de la mémoire des ordinateursordinateurs. Plus récemment je me suis intéressé au traitement automatique du langage naturel, pour lequel j'ai pu généraliser des techniques d'analyse que j'avais originellement développées pour les langages de programmation.

Une carrière de chercheur plutôt classique, parsemée de responsabilités diverses (nationales et internationales, scientifiques ou administratives), de créations de projets et de coopérations avec le monde industriel. À défaut de bouger géographiquement, j'ai bougé thématiquement. Passer des langages de programmation à la linguistique informatique (dite aussi calculatoire ou computationnelle) fût une expérience enrichissante. Le changement de communauté implique une complète remise en cause, l'apprentissage d'un nouveau vocabulaire ou - plus difficilement - d'un autre usage pour des mots connus, ainsi qu'une vision différente des problèmes. Après s'être installé dans une communauté de chercheurs où l'on a ses amis et ses entrées, recommencer dans une communauté où l'on est inconnu et anonyme redonne un peu de perspective.

Je me suis également passionné pour le développement de l'InternetInternet et ses effets sur la société, ainsi que pour tout ce qui concerne la création et la divulgation des créations immatérielles, dont il apparaît que ce sera la richesse de ce siècle. La dématérialisation complète que permet la numérisationnumérisation des oeuvres ou de la connaissance remet fondamentalement en cause beaucoup d'idées reçues héritées du monde matériel. Quand j'ai commencé à m'y intéresser de près, en 1996, les logiciels libreslogiciels libres étaient une utopie (vieille de près de 15 ans) qui n'avait aucune chance de s'imposer dans le monde réel.

Aujourd'hui c'est une réalité économique et politique, et l'objet de violentes batailles de pouvoir. Cette révolution de l'immatériel concerne au premier plan les chercheurs puisque la connaissance, sa diffusiondiffusion et sa mise en oeuvre sont l'objet même de leur activité.